Résumés des communications

 

Nous aurons le plaisir d’accueillir :

Graciela C.CRESPIN, Psychologue clinicienne, psychanalyste. Elle est l’auteure de nombreux articles, communications et conférences en France et à l’étranger, et a notamment publié de Paroles de tout-petits (Albin Michel, 2006) sur le travail de prévention en crèche ; L’épopée symbolique du nouveau-né (Erès, 2007) sur l’émergence des processus psychiques, les signes positifs de développement et les signes de souffrance chez le bébé.

Marie-France MOREL, Historienne, Maître de Conférences en Histoire, Présidente de la Société d’Histoire de la Naissance. Auteure de nombreux articles et contributions d’ouvrages. M.F. Morel a notamment publié Accueillir le nouveau-né d’hier à aujourd’hui (Erès, 2013).

Myriam SZEJER, Pédopsychiatre, psychanalyste. M.Szejer a fondé l’Association « La Cause des Bébés ». Auteure de nombreux ouvrages, dont : Des mots pour naître – L’écoute psychanalytique en maternité (Gallimard, 1997, 2003) ; Le bébé face à l’abandon, Le bébé face à l’adoption, en collaboration avec Louise L. Lambrichs (Albin Michel, 2003) ; L’art de nourrir les bébés, en collaboration avec Nicole Czechowski (Albin Michel, 2008) ; Si les bébés pouvaient parler… (Bayard, 2009).

 Et par ordre alphabétique :

Mariana ALBA DE LUNA, Psychologue clinicienne, psychanalyste. Centre de Santé mentale. Un des membres fondateurs de la Main à l'Oreille, asssociation de parents et amis des personnes autistes (LaMào) et du Rassemblement pour une Approche des Autismes Humaniste et Plurielle (RAAHP) (France). Le bruit des choses : Le suivi d’un petit enfant mutique, terrorisé par l’autre, l’étranger. Il a été adressé par la PMI inquiète de l’ampleur des symptômes familiaux. Reçu depuis l’âge de trois ans jusqu’à aujourd’hui, 1O ans. Six ans après, et maintenant la position de ne pas vouloir qu’il parle à tout prix, il a consenti finalement à parler et à se laisser parasiter par le langage. Son intégration scolaire a pu être maintenue grâce au travail menée en partenariat avec les parents, l’école et les Centres d’accueil de la Petite Enfance qui ont soutenu ce suivi sans se laisser prendre par le fantasme de la maltraitance ou la supposée impossibilité des parents à s’occuper de leurs enfants.

David BERNARD, Maître de conférences en psychopathologie, Université Rennes 2. Psychanalyste (Rennes, France), psychologue clinicien, psychanalyste. La petite enfance et le réel : Jacques Lacan se sera intéressé à la question du développement, et avança sur ce point sa thèse. Celle-ci le conduisit à démontrer qu’à l’égard du réel, il n’y a que l’adulte, à faire l’enfant. Il s’agira ici de dire pourquoi et ce qui a contrario, fait le sérieux desdits tous petits.

Vera BESSET, Professeur de Psychopathologie, Université de Rio de Janeiro (Brésil), psychanalyste. Face aux experts : comment être parents ? : Au XXIieme siècle, le mal-être dans la culture, indiqué par Freud, ne cesse de croître. Principalement, la domination du discours de la science et la place prévalente de l’évaluation et de l’expertise ne sont pas sans conséquence dans les relations parents/enfants. Considérant que l’avis des experts prend le relais de la parole de parents, l´autorité parentale s´en trouve ainsi diminuée, voire même annihilé. Camille, 4 ans et demi, a peur et depuis un certain temps, il lui faut être partout accompagnée. Dernièrement, seul le regard fixé sur elle de l´une des personnes de son entourage peut l´apaiser. Ses parents "savent" de quoi elle souffre. Ils ont consulté internet. Cependant, ils ne savent pas quoi faire avec elle qui paraît devenir folle... Camille commande son monde mais un acte de l’analyste aura des effets inattendus dans la petite famille.

Jacinthe BONNEAU, Pédiatre, Hématologue, Cancérologue, CHU Rennes (Rennes, France). Le tout-petit en cancérologie : un sujet…pas si petit.

Pietro Enrico BOSSOLA, Psychanalyste, superviseur à « L’Espace Neutre » (Côme, Italie). L’enfant dans les mailles de la loi: Les situations évoquées dans notre communication se déroulent à « L’Espace Neutre », structure qui fait partie du projet « L’art de la rencontre » à Côme. Il s’agit de deux petits enfants pris dans un réseau de questions à propos de leurs parents et de l’institution. Sera ici présentée la réponse par « L’Espace Neutre ».

Damien BOTTE, Psychologue clinicien, psychanalyste (Saint-Brieuc, France). A chacun sa casserole : Nous verrons, à travers l'étude d'une partie de la littérature enfantine contemporaine (I. Carrier, C. Ponti et Y. Pommaux), que l'éthique de la psychanalyse peut transparaître dans les livres que nous lisons aux tout-petits. Qu'est-ce que cela peut apporter quant à l'émergence puis la construction du sujet parlant? Que ce soit une lecture en famille ou en atelier dans une institution. Quelques vignettes cliniques éclaireront la pratique lacanienne qui se veut non ségrégative et anti-normative, même avec les tout-petits.

Claire BRISSON, Psychologue clinicienne. CAMSP (Saint-Malo, France). Naître à « l’autre scène » : Quelle inscription au champ de l’Autre pour un sujet qui n’a pas pu mettre sa voix en jeu dans le cri, et dont le besoin a été satisfait sans qu’il ait à en passer par la demande ? Pour Armel, laissé en plan comme sujet de la parole, c’est une position d’objet regardé, nourri et commandé qui s’est imposée. La cure, depuis 3 ans, vise la constitution d’une intimité susceptible de le soustraire à cet Autre féroce…

Marie COUVERT, Psychologue clinicienne, psychanalyste. Unité Mère-Bébé (Belgique).Pulsion et direction de la cure chez le bébé, à la lumière de la prématurité : Un des moyens à mis à notre disposition pour orienter le travail avec le tout-petit, c’est l’inscription et la mise en circulation du pulsionnel. C’est une opération à la fois fondamentale et incontournable, si on veut faire le pari du sujet chez le nouveau-né. De ce point de vue, la prématurité pourrait bien nous éclairer parce qu’elle vient en quelque sorte dramatiser ce qui pourrait faire ratage dans l’inscription du pulsionnel et l’émergence de la subjectivité. À partir d’une situation clinique, il sera question de repérer les vicissitudes du pulsionnel à l’œuvre. Un arrêt au cœur d’une séance permettra de cerner ce qui peut faire ratage et qui est aussi indicateur d’une mobilisation possible. Le pulsionnel viendrait alors jeter un nouvel éclairage et orienter notre pratique avec ces tout-petits sujets.

Nathalie DAHIER, Psychologue clinicienne et Dominique DUMOUSSEAU, Psychomotricienne. CAMPS (Saint-Malo, France). Un accueil à petits pas… : Le parcours singulier de Léo s’inscrit  dès le début de son histoire dans un temps où le lien à l’Autre ne peut s’ébaucher que dans une fragilité de tous les instants. Léo est un grand prématuré et sa maman n’a pris conscience de la grossesse que 15 à 20 jours avant de la naissance de l’enfant. Très rapidement, les équipes médicales sont inquiétées par les réponses peu ajustées de la mère aux besoins de l’enfant et un manque de soin. Nous recevrons l’enfant au CAMSP quelques mois plus tard, dans le cadre d’un dispositif spécifique permettant l’accueil de l’enfant et de ses parents à deux professionnels, une psychomotricienne et une psychologue. Ce travail conjoint, permettra de donner une adresse tant à l’enfant qu’à sa mère, assurant ainsi l’émergence du sujet vers la parole. Avec l’appui du transfert, nous verrons comment l’enfant a pu s’inscrire dans un désir particularisé. Dans le même temps sa mère a pu, elle aussi,  construire un discours permettant de soutenir un désir à l’endroit de son fils qui ne soit pas anonyme.

Marc DE KERDANET, Pédiatre, Endocrinologue, CHU Rennes (Rennes, France). Ma pratique avec les tout-petits c'est du billard.

Armelle DE LA PINTIERE, Pédiatre, Néonatologiste, CHU Rennes,  Filière Néonatologie (Rennes, France). Le NIDCAP, un programme de soin au nouveau-né centré sur la famille.

Martine DESMARES, Sage-femme, Centre Hospitalier (Le Havre, France). De l’entretien prénatal à la naissance du sujet : Dans la rencontre que  fait une sage-femme avec des couples pendant la grossesse, l’accueil fait à la parole des parents est orienté par une approche psychanalytique. Lors de l’entretien prénatal précoce proposé depuis 2004 dans le cadre de la préparation à la naissance et à la parentalité,  il m’est possible de prendre la mesure de la façon dont la rencontre a eu lieu entre les deux partenaires. Nous commençons par dialoguer autour de l’énigme de la conception de l’enfant : grossesse surprise, accidentelle, désirée, inespérée ou redoutée. Très vite le ton est donné du désir qui a précédé la venue au monde de cet enfant et l’émotion autour de ce réel, le surgissement d’un enfant à venir au sein de la structure originale de chaque couple. Il porte la marque d’une histoire faîte de possibles et d’imprévisible. L’ajustement nécessaire à la grande variété des états de grossesse est souvent délicat, voir difficile. Chacune invente sa façon de se débrouiller, avec l’appui d’un tiers, son homme, une femme, une mère qui constitue un modèle, ou un professionnel qui soutient les émotions, les peurs dues à ces bouleversements et fait le constat des inhibitions incompréhensibles. Au fil des rencontres la position d’attention portée aux parents génère  des effets thérapeutiques : apaisement, présence plus marquée du partenaire qui trouve une « place », sommeil retrouvé ou décision secondaire d’accepter une aide psychologique mais proposée sans précipitation…

Gwénola DRUEL, Maître de conférences en psychopathologie et psychologie clinique de l’enfant, Université Rennes 2. Psychologue clinicienne, psychanalyste. (Rennes, France) L'éveil du sujet ou quand le désir se fait entendre.

Laurent DUPONT, Psychologue, psychanalyste (Paris, France). Un pari sur le sujet : Le pédo-psychiatre qui m’adresse Julien (bientôt 3 ans) pense qu’il est autiste. Il n’a jamais parlé, ni babillé ni émis de plainte. Encoprétique, énurétique, il hurle un cri lorsqu’il est séparé par un autre du corps de sa mère. Julien semble confronté au Un d’un corps qui se jouit radicalement seul, totalement coupé de l’Autre, seulement arrimé au corps de sa mère. Alors ? Que signifie ce regard qu’il m’adresse, quand je dis à sa mère qu’elle l’aime comme elle peut et que c’est important pour un enfant d’être aimé, phrase qui fait suite à l’affirmation angoissée de cette mère psychotique et hospitalisée en psychiatrie durant la grossesse : « c’est de ma faute tout ça, je l’aime trop ». Ce regard direct qui m’est adressé dans cette phrase qui opère un allègement de l’angoisse de la mère m’amène à faire un pari, le pari d’un sujet qui est déjà au travail de sa solution. Mon choix sera alors de m’en faire le partenaire.

Alexandre FAURE, Psychologue; Doctorant, Université Rennes 2 (Rennes, France). "Je suis né angoissé" : « Nous sommes enclins à voir dans l’état d’angoisse une reproduction du trauma de la naissance ». Cette citation de Freud constitue le point d’interrogation de notre intervention. Qu’est-ce que ce fameux trauma de la naissance ? Il fait de la naissance la « situation prototypique de l’angoisse », se basant sur sa conception de l’Hilflosigkeit, la situation de désaide originelle. Par conséquent, quel est le lien entre la naissance du sujet et l’angoisse ?...

Michèle GARREAU, Psychomotricienne, CMP et CATTP (Stains, France). « Vlan ! » : Yazid a 17 mois lorsque je le reçois à la demande d’une collègue psychologue qui souhaite avoir mon regard de psychomotricienne sur le retard psychomoteur qu’il présente. Je découvre que Yazid souffre d’une infirmité motrice cérébrale, ce qui constitue une sérieuse entrave à sa mobilité, à la préhension et à l’appréhension du monde qui l’entoure. D’autre part, sa mère sait ce qui convient à son fils, ce qu’il lui faut à chaque instant. Aussi l’enjeu est double : inventer avec lui des manières de faire qui lui permettent petit à petit de se déplacer et jouer à sa guise, en tablant sur son désir ; l’accompagner et le soutenir sur le chemin qu'il choisit pour tenir sa mère à distance. Il s’autorise un jour un acte décisif qui fait savoir à sa mère sa détermination à se séparer d’elle. Les mois suivants voient de grandes avancées dans tous les domaines pour Yazid. Son désir le mène au-delà d’un pronostic sévère annonçant à sa mère qu’il ne marcherait jamais. Si certaines séquences avaient préparé cet acte, d’autres lui permettront d’affirmer sa position de sujet.

Colette GODFRIN, Psychothérapeute, Psychanalyste en Planning familial ; co-fondatrice et coordinatrice du lieu Le Pré en Bulles, inspiré de la Maison Verte. Présidente de l’Association des lieux wallons inspirés de la Maison Verte (Belgique). Par les temps qui courent, que deviennent les secrets du jeu de la bobine ? C’est la clinique du lien qui retiendra en premier lieu notre attention à partir de deux vignettes cliniques, l’une venant d’une pratique d’accueil en Maison Verte, l’autre d’un travail analytique avec une jeune patiente et sa mère hébergée en Centre de demandeurs d’asile. Le trait commun : ce qui fait le terreau d’un désir de prendre place comme sujet, chez le petit ; ce qui peut être entendu et soutenu par le professionnel engagé dans sa pratique…

Claude HELEN, Psychologue, Psychanalyste ; CHGR (Rennes, France). Evènements de corps et angoisse. Je propose de montrer ce qui s’est produit dans le corps d’un enfant âgé de 2 ans au moment où sa mère a changé sa façon de le regarder. Ce qui nous amènera à mettre au travail cette citation de Lacan : « Le regard ne se présente à nous que sous la forme d’une étrange contingence, symbolique, à savoir le manque constitutif de l’angoisse de castration. » (Séminaire XI «  Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse »).

Véronique LECRENAIS-PAOLI, Psychologue clinicienne. CMPP, crèches (Biscarrosse, France). « Psychologue à moi çà » : Gaya, une fillette de deux ans, est amenée à la consultation par sa mère à l’occasion de la séparation des parents. La mère questionne le bien-fondé de la garde alternée mise en place. Gaya fait des colères, ne supporte pas la séparation ni la frustration, refuse parfois de s’alimenter. Les séances se déroulent alternativement avec la mère et le père. Par les effets du travail de parole, pointe « un intérêt particularisé » des parents pour l’enfant. Gaya passe progressivement d’une place d’objet de consolation de ses parents à une place de « parlêtre » en attrapant des signifiants dans «lalangue de la famille  En suivant comment elle use de ses objets (tétine, doudou, le regard), et des signifiants qui émergent, nous voyons comment elle se débrouille avec la pulsion et traite dans le transfert son rapport à la jouissance, faisant l’expérience du manque dans l’Autre….

Sébastien LE LABOURIER, Psychologue, Service de Gynécologie-Obstétrique, CHU Rennes (Rennes, France). Du privilège d’être psychologue en périnatalité.

Marie-Laure LELEU, Psychologue clinicienne, pouponnière (Rennes, France). L’enfant né sous x… sous le signe du désir : L’enfant né sous X conjugue d’emblée le traumatisme de la naissance et la séparation d’avec sa mère de naissance, séparation qui pourra se révéler définitive s’il n’y a pas rétractation de cette dernière. Il s’agira de questionner les bases sur lesquelles ce petit être va fonder l’édifice de sa construction psychique. Quel désir le porte ? Ou plutôt, quel désir va-t-il porter, proclamer, offrir ? Quelles traces d’un désir maternel lui reste-il ? Que vient dire cet enfant réel à l’enfant imaginaire qu’il fut, quoi qu’il en soit ? Accompagné pendant ses premiers mois de vie par les professionnelles de la pouponnière, comment et avec quelle force vitale va-t-il s’emparer de cette présence maternante de suppléance pour grandir, pour devenir sujet ? Enfin, que vient-il déployer dans la rencontre avec ses parents d’adoption ? Quelle rencontre entre l’enfant réel et les parents imaginaires, entre l’enfant imaginaire et les parents réels ? Dès lors, quel désir de vie l’enfant né sous X, aban-donné, vient-il porter en lui et « donner » à qui l’entoure ? Ces réflexions seront étayées par mon exercice clinique quotidien en tant que psychologue à la pouponnière et la présentation d’enfants pupilles rencontrés durant leur temps de vie parmi nous.

Carole MARIOTTI, Psychologue clinicienne, Docteur en Psychopathologie. Service d’Aide Educative (Rennes, France). Valentin, l’enfant fabriqué ou lorsque l’enfant n’est pas encore né : Valentin n’est pas un tout petit. Pourtant, bien qu’il soit âgé de 9 ans aujourd’hui, il n’est toujours pas rentré dans la lecture et l’écrit et après 3 ans de scolarité en CP sa maitresse disait ne pas le voir grandir. Valentin n’est pas un tout petit et pourtant ce qui pourrait le mener sur le chemin de la vie n’a pas opéré pour lui comme pour les autres. Après de multiples stratégies, il a enfin pu retenir sa date de naissance, cependant la signification de cette naissance lui échappe, incapable d’en dire quelque chose, qu’il s’agisse de la sienne ou de celles des autres…

Fanny MATTE, Psychologue clinicienne, Psychanalyste. CMPP (Rennes, France). La trace de l’Autre : Il s'agira à partir des dires de Timothée ce jeune garçon âgé de 3 ½  ans reçu dans le cadre d'un suivi en CMPP d'interroger d’une part la question de l’aliénation/séparation, et d’autre part la fonction de répétition dans les créations, et fictions chez ce jeune sujet.

 Esteban MORILLA, Psychiatre PH en Centre Hospitalier ; responsable médicale du CATTP « A petits pas ». (Bordeaux, France). D’un accueil particulier aux petits signes du sujet : Dans nos sociétés contemporaines La science a quitté définitivement le domaine réservé aux spécialistes et elle est entrée dans l’ensemble des croyances. Elle est devenue aujourd’hui un refuge, une religion, qui entretient notre espoir et fait perdurer nos croyances dans un avenir aseptisé de tous les fléaux qui sont intimement liés à notre humanité. L’humain, et notre humanité, sont devenus « une matière » entièrement soumisse aux principes de la biologie et des sciences de l’information et de la communication, la cybernétique et la théorie du signal. Dans cette nouvelle conception de l’humain, l’homme devient un homme biologique, bien entendu sans inconscient, maître de son mental, réparable et/ou rééducable, s’il y a défaut dans la matière biologique. La porte est grande ouverte, rien ne fait obstacle à la l’apparition et à l’expansion de l’homme bionique, voire transhumain. Néanmoins, la folie résiste encore à l’espoir des scientistes de tout décrypter et tout contrôler de notre humanité. Elle ne se laisse pas réduire à des items ou des patterns comportementaux. La folie, la déviance, est devenue une menace terrifiante dans l’imaginaire collectif de notre époque.  L’enjeu pour nous aujourd’hui est de prendre en compte cette évolution de notre civilisation et de faire une place aux nouveaux symptômes que cela induit. Je souhaite vous présenter pendant ce colloque, sous forme de vignettes cliniques, quelques moments clés de la clinique avec les petits enfants dans le CATTP « A petit pas » dans le sud Gironde, et de l’accueil particulier que nous proposons dans ce lieu à la fonction sujet.

Ariane OGER, Psychologue clinicienne, Psychanalyste. CMPP (Saint-Malo, France). Tout n’est pas rose : Nous proposons de parler d'un tout début de travail avec une petite fille de 2 ans ½, Rose, venue en consultation sur le motif de vives colères qu'elle fait avec sa mère, mais pas avec son père. Ses parents sont séparés depuis 8 mois. Nous posons l'hypothèse que Rose se défend d'être l'objet qui viendrait satisfaire sa mère, défense à la hauteur de l'exigence maternelle qui angoisse Rose et la déchaîne. Derrière une face de collage, se profile pour Rose la crainte d'un laisser-tomber maternel mais aussi paternel, contre lequel elle lutte activement. Sur fond d'atteinte narcissique, un défaut de transmission de mère à fille, traverse le cas, avec une dimension de penisneid, pas sans ses effets de ravage mère-fille.

Matilde PELEGRI, Psychologue, Psychanalyste. Accueillante Lieux d’accueil Enfants Parents (Barcelone, Espagne). Effets thérapeutiques ou changements de position subjective lors du passage des familles avec enfants tout-petits dans des lieux d’accueil Enfants-Parents: Cette communication prend appui sur des réflexions à propos de l’expérience du travail dans des différents lieux d’accueil type Maison Verte à Barcelone depuis 1995. Dès le début nous nous posions des questions sur la position de l’accueillante et son intervention et sur les effets du travail avec les tout-petits et leur familles. Quel type d’effets ? Des effets thérapeutiques, des effets de surcroit (pas cherchés consciemment) ou des changements de positionnement subjectif ? C’est un dispositif qui s’inscrit dans le champ de la prévention. Nous entendions la prévention comme une forme d’intervention précoce dans ce temps aussi particulier dans lequel l’enfant se construit psychiquement et dans lequel des symptômes en « état naissant » peuvent apparaitre. Le travail de l’accueillante ou du psychanalyste est d’accompagner l’enfant et ses parents pour que le conflit psychique dont l’expression est le symptôme se dénoue. Avec l’aide de quelques vignettes cliniques nous rendrons compte de ces effets chez les tout-petits et leurs familles.

Mickaël PEOC’H, Psychologue clinicien, Sessad. Doctorant, Université Rennes 2 (Rennes, France). C’est une énigme : Quand un petit sujet parait dans une famille, il y a souvent mille raisons de s’en émerveiller. Les parents d’Aurore ont très vite remarqués qu’elle ne s’éveillait pourtant pas au monde de la même façon que ses aînés. A trois ans passés, elle ne parle pas, fait parfois des colères qui paraissent incompréhensibles. Des tests ont bien été faits : aucune délétion chromosomique, aucune particularité visible à la neuro-imagerie, aucun diagnostic d’autisme. Aurore est une énigme. Accompagnée – avec ses parents – par un service médico-social, elle nous rendra témoin de ses premières « prises de langue », et montrera beaucoup de courage pour que son appel, qui intervient alors qu’il n’est plus attendu, parvienne à se faire entendre. Aurore est une énigme certes, mais on peut aimer les devinettes.

Christine ROY, Psychologue clinicienne, Psychanalyste et Dimitri WEYL, Psychologue clinicien, Psychanalyste, Docteur en psychopathologie et psychanalyse ; accueillants à la Maison Verte  (Paris, France). Dispositif et fonction d’accueil à la Maison Verte : À partir de notre pratique à la Maison Verte, et d’un groupe de travail que nous avons formé sur la question, nous souhaiterions proposer une réflexion autour du nouage qui peut s’opérer entre le dispositif de la Maison Verte et la fonction d’accueil. En quoi ce dispositif et son évolution, ont été pensés pour promouvoir les processus de subjectivation des tout-petits comme de leurs parents ? Qu’appelons nous fonction d’accueil ? Comment le dispositif est pensé pour ”agir” également sur l’équipe de telle manière qu’il favorise cette fonction d’accueil ? Enfin en quoi celui-ci, là où Foucault a essentiellement pensé et déconstruit la logique du dispositif comme étant celle d’un opérateur du pouvoir, agit ici précisément à l’inverse : comme oeuvrant à déjouer les rapports de pouvoir et leurs effets de désubjectivation….

François SAUVAGNAT, Professeur de Psychopathologie, Université Rennes 2, Psychanalyste (Rennes, France) et Maria ROME, Doctorante, Assistante, Universidad de la Plata (Buenos Aires, Argentine). Le tout-petit et lalangue : implications sur la question du « parlêtre » : Il s’agira, lors de cette conférence, de faire le point sur la fonction de lalangue chez le très jeune enfant.

Sylvie SIMON-GODES,  Directrice et accueillante à Case Marmaillons (Ile de la Réunion, France). Case Marmaillons : Case Marmaillons est un lieu ouvert pour les tout petits enfants jusqu’à 6 ans et leur famille. Des questions nous taraudent et reviennent à chaque accueil. Comment tenir le pari d’accueillir le sujet dans ce lieu de convivialité ? Comment écouter, entendre et se défaire de comprendre ? Comment rencontrer un parent ou un enfant quand on fait le pari « qu’il a quelque chose à nous dire » ? Il ne suffit pas de parler pour faire advenir quelqu’un à la dimension du sujet, alors de quoi s’agit-il ?...

Yves-Claude STAVY, Psychiatre, chef de service de psychiatrie infanto-juvénile, Psychanalyste (Aubervilliers, France). L’adulte dans l’enfant. 

Claire TALEBIAN, Psychologue, Psychanalyste (Nantes, France). Une demoiselle rhinocéros : Petite demoiselle à l’allure de brindille, mais à la force d’un rhinocéros va « causer » bien du souci et des questions à une équipe médico-sociale quant à son mutisme et à son encoprésie. Elle a tout juste 5 ans mais en paraît 3 et elle est passée à travers toutes les mailles des consultations qui précèdent l’institution spécialisée. Frêle, mutique, pas un regard, mais une « vraie petite présence féminine ». L’analyste va accepter une modalité de rencontre où « le scotch et le noir » vont être un montage précieux pour traiter les avatars d’un corps parlant livré à la jouissance et permettre qu’un sujet prenne sa place dans le monde des mots et du lien.

Chantal TANGUY, Psychologue clinicienne, psychanalyste. Docteur en psychopathologie, Chargée de cours, Université Rennes 2 (Rennes, France). Un enfant nommé désir.

Anne-Marie SUDRY, Orthophoniste, Psychanalyste (Martigues, France). De la consultation à la rencontre : Le petit enfant est amené en consultation. Il est amené parce que quelque chose fait symptôme pour un Autre, auquel il est assujetti. Les symptômes des tout petits sont souvent manifestes et apparaissent souvent énigmatiques. Ils viennent déranger l’imaginaire qui place l’enfant comme objet merveilleux et parfois essentiel. L’enfant, souvent surinvesti, se doit de répondre à une satisfaction attendue. A défaut, il rejoindra le bataillon des enfants porteurs de « troubles » et sera livré à toutes les évaluations scientistes. Il sera diagnostiqué et catalogué, et pourra même subir un traitement pour l’éduquer…Etre orientée par la psychanalyse c’est accueillir l’enfant c’est faire place à son symptôme et l’accompagner à en faire quelque chose, l’aider à construire un savoir singulier. Le symptôme n’est pas saisi comme élément à éradiquer, comme comportement négatif, mais comme une manifestation inconsciente, qui génère de la souffrance, et à partir de laquelle la rencontre avec un psychanalyste peut devenir nécessaire (…) Simon et Adrien, deux tout petits que j’ai rencontré, viendront éclairer mes propos. Se présentant tous deux sans langage, ils trouveront chacun à leur manière une façon de prendre la parole et se faire entendre.

Angèle TERRIER, et Isabelle MAGNE, accueillantes au CLAP-Passage des Tout-Petits (Paris, France).La question de l’énonciation dans la pratique avec les jeunes enfants : I. Magne présentera le cas d'une petite fille de 2 ans, adoptée, qui arrive en jargonnant et qui se met à parler dans la rencontre transférentielle. Ce sujet fait un trajet allant de l'enfant "parlé par l'Autre" (en l’occurrence la nounou qui l'accompagne) à l'enfant sujet de l'énonciation, sensible à l'interprétation du désir, le sien et celui de ses parents. A.Terrier: petit exposé théorique sur la question de l'énonciation, en partant de ce que J.A.Miller dit dans sa présentation du séminaire VI à la journée de l'Institut de l'enfant en mars 2014, à savoir que l'enfant se promène entre les deux étages du graphe, qu'il est pris dans un jeu entre énoncé et énonciation.

Laurence TEXIER, Psychologue, Psychanalyste. Centre Hospitalier de Rennes, Filière néonatale (Rennes, France).L’entre-deux de la naissance prématurée : L’entre-deux de mon titre est une analogie à Lacan dans son séminaire « L’éthique  de la psychanalyse » et ses références à Antigone dans son chapitre Antigone dans l’entre-deux-morts. Au-delà d’Antigone, qui, à elle seule veut dire la non-née, et des sujets de la tragédie, cette définition s’accorde elle aussi à l’enfant prématuré… Comme les héros de Sophocle, les enfants prématurés sont situés dans une zone entre la vie et la mort où l’Autre semble absent. L’enfant prématuré est dans cet entre-deux, pas viable mais vivant ; extrême paradoxe de cette naissance hors-norme qui semble hors structure dans son rapport à l’Autre. Peut-on vraiment parler de naissance, de nait-sens, avec cette séparation trop précoce à l’origine de l’immaturité physique mais aussi psychique, où l’enfant n’est pas prêt pour ce passage ? Quel sens pourra advenir de cette expérience que vivent les enfants prématurés, livrés à l’Autre médical par l’immaturité de leur corps et leur totale dépendance ? La prématurité pour nous, psychanalystes, renvoie à un type particulier de questionnement : quelles limites le corps vient-il donner à la construction de l’inconscient ? Ce bain de langage est-il possible lorsqu’un corps n’est pas viable sans l’assistance des machines ? Que pouvons-nous dire de cet entre-deux ; d’un sujet à qui l’homme a donné naissance mais qui ne peut survivre sans assistance technique ?

Gracia VISCASILLAS, Psychologue clinicienne, Psychanalyste, responsable thérapeutique du Centre Torreón. Coordinatrice clinique au Centre d’Education Infantile « Patinete » et au Centre d’Attention Précoce de Fundación Atención Temprana (Zaragoza, Espagne). La porte, Saturne et l’Espace : Pour Pelayo, la porte d'entrée au monde a été compliquée. Deux jours après sa naissance, on détecte une sclérose tubéreuse (mutation génétique qui entraîne une prolifération de tumeurs) et le médecin se tourne vers la mère en lui disant que son fils va mourir dans peu de temps, ou bien qu’il va rester dans un état végétatif. Je présenterai ici le parcours de trois ans de travail avec Juan qui arrive au Centre d'Attention Précoce quand il avait deux ans et demi.

 

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